Je me suis intéressé aux personnes vivant clandestinement en Suisse. Sans papiers, leur simple présence les rend coupables au regard de la loi. A Lausanne, ils sont des milliers à vivre un quotidien fait de discrétion pour éviter de se faire contrôler par les autorités. La tradition du portrait consiste justement à capter l’identité du modèle. Qu’en est-il lorsqu’elle est niée? J’ai voulu ici représenter cette identité masquée. Leurs yeux, leur bouche ou encore leur nez – principaux signes de reconnaissance – sont flous, en perpétuel mouvement, à l’image de leur situation. Des individus irréguliers que l’on croise régulièrement, et dont on ne connaît finalement que peu de choses. Une vie cachée, exposée aux yeux de tous. Véritable paradoxe vécu au jour le jour.
Lausanne, Suisse, 2010.